La plupart d’entre nous ne se souviennent pas de nos premières années de vie, un phénomène connu sous le nom d’amnésie infantile. Mais pourquoi cela se produit-il et pourquoi certaines personnes, comme celles atteintes de troubles du spectre autistique (TSA), semblent y échapper ? Une nouvelle étude suggère que notre système immunitaire pourrait jouer un rôle clé.
Comprendre l’amnésie infantile
L’amnésie infantile est un phénomène universel qui touche presque tous les êtres humains. Il s’agit de l’incapacité à se souvenir des événements qui se sont produits pendant nos premières années de vie, généralement avant l’âge de deux ans. Malgré le fait que nous étions conscients de notre environnement et que nous enregistrions des souvenirs à ce moment-là, ces souvenirs semblent disparaître avec le temps.
Curieusement, les personnes atteintes de TSA semblent être une exception à cette règle. Elles ont tendance à se souvenir davantage de leurs expériences très précoces de l’enfance. Pourquoi l’amnésie infantile se produit-elle et pourquoi ne se produit-elle pas dans les TSA ? Les scientifiques pensent que la réponse pourrait résider dans notre système immunitaire.
Le rôle du système immunitaire
Une étude récente publiée dans Science Advances a examiné le rôle du système immunitaire dans l’amnésie infantile. Les chercheurs du Trinity College de Dublin ont mené une série d’expériences sur des souris, qui présentent également une amnésie infantile.
Les scientifiques ont observé que lorsque les souris étaient soumises à un conditionnement de peur à un âge très précoce, elles avaient tendance à oublier ce conditionnement plus rapidement que les souris qui avaient été exposées au système immunitaire de leur mère pendant la gestation. Ce constat a conduit les chercheurs à se demander si le système immunitaire maternel pourrait jouer un rôle dans l’amnésie infantile.
Les engrammes : le stockage des souvenirs
Les souvenirs sont stockés dans notre cerveau sous forme d’engrammes, des structures neuronales stables qui se forment suite à une stimulation. Ces engrammes peuvent rester stables et facilement accessibles, ou ils peuvent être perdus, empêchant ainsi le souvenir de se réactiver.
Les chercheurs ont utilisé des souris génétiquement modifiées pour étiqueter les neurones associés à la mémoire. Ils ont constaté que les engrammes des souris dont les mères avaient été stimulées pour avoir une réponse immunitaire pendant la grossesse étaient significativement plus grands.
Le lien entre le système immunitaire et l’amnésie infantile
Après avoir établi que le système immunitaire était impliqué dans l’amnésie infantile, les chercheurs ont cherché à identifier le composant spécifique du système immunitaire responsable de ce phénomène. Ils ont découvert que les souris qui ne possédaient pas une protéine appelée cytokine IL-17a ne développaient pas d’amnésie infantile.
Cette découverte suggère que le système immunitaire, et plus précisément la cytokine IL-17a, pourrait jouer un rôle clé dans l’amnésie infantile. Cependant, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour confirmer ces résultats et pour comprendre comment exactement le système immunitaire influence la formation et la rétention des souvenirs.
Implications pour la compréhension de l’amnésie infantile
Ces résultats pourraient avoir des implications majeures pour notre compréhension de l’amnésie infantile. Ils suggèrent que notre système immunitaire pourrait jouer un rôle dans la façon dont nous formons et retenons nos souvenirs, et ils pourraient également aider à expliquer pourquoi certaines personnes, comme celles atteintes de TSA, semblent être capables de se souvenir de leurs premières années de vie.
Il reste encore beaucoup à apprendre sur l’amnésie infantile et sur la façon dont nos souvenirs sont formés et stockés. Cependant, cette étude représente une étape importante dans notre quête pour comprendre les mystères de notre mémoire.
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